Microbiote et immunité

Décryptage de la symbiose entre le microbiote intestinal et le système immunitaire

Mis à jour: 16 Décembre 2020

Outre ses fonctions dans la digestion, le microbiote intestinal joue un rôle majeur dans la défense immunitaire. Par le biais de différents mécanismes mais surtout d’une collaboration étroite, il va induire différentes réponses afin d’éviter la prolifération de mauvaises bactéries dans l’organisme.

Microbes intestinaux et système immunitaire entretiennent une relation singulière. Le microbiote est en effet en constante conversation avec les cellules du système immunitaire présent dans vos intestins. Les informations qu’ils s’échangent sont essentielles : elles aident l’organisme à repérer les entités allochtones inoffensives comme les aliments, de celles dangereuses (par exemple : la Salmonella). Ces « dialogues » permettent alors aux défenses immunitaires d’adapter leurs réponses.

 

Quel rôle assure le microbiote intestinal dans l’immunité ?

Le microbiote intestinal possède une relation complexe avec l’hôte. Dans des conditions physiologiques elle prend diverses formes symbiotiques telles que parasitaire, commensale et mutualiste. Le développement et le fonctionnement du microbiote intestinal impactent d’ailleurs l’hôte à tout âge. Dès les premières années, il va contribuer à la maturation du système immunitaire puis il va participer à la digestion des aliments et à la lutte contre les agents pathogènes. Il va interagir avec l’hôte durant toute sa vie et va contribuer à la modulation de l'immunité intestinale et systémique.

Il va notamment moduler le système immunitaire par la production de molécules à fonction immunomodulatrice et anti-inflammatoire capables d'influencer les cellules immunitaires. En particulier, il produit plusieurs métabolites à partir d'aliments digérés comme :

  • Des acides gras à chaîne courte (AGCC) qui sont les plus étudiés dans la régulation de l'inflammation et du système immunitaire car ils ont des effets anti-inflammatoires sur la muqueuse intestinale.
  • Des dérivés d'indole. Ces métabolites ont une fonction immunitaire indirecte. Ils favorisent l'intégrité de la muqueuse entérale et la barrière de défense vis-à-vis des agents pathogènes en stimulant la production de peptides antimicrobiens et de mucines.

Le microbiote est ainsi l’une des clés de voûte des mécanismes de défense qui va induire une réactivité de tout votre système de défense.

Comprendre les mécanismes protecteurs du microbiote intestinal

Au niveau des intestins, le microbiote intestinal assure des fonctions cruciales car il joue un rôle protecteur grâce à l’effet barrière.

Ce phénomène de défense au niveau des intestins intervient de plusieurs façons :

  1. Le premier mécanisme observé lors de l’effet barrière est l’exclusion compétitive des micro-organismes pathogènes. Concrètement, cela met en « compétition » les nutriments et les sites d’adhérences épithéliaux entre les bactéries pathogènes et celles non commensales. En éliminant des sites récepteurs bactériens et en consommant les nutriments disponibles, cela va permettre aux bonnes bactéries de prendre de la place et d’empêcher l’adhésion et la survie des mauvaises.
  2. La création d’une microécologie hostile. Les bactéries sont capables de modifier leur environnement afin de le rendre moins adapté aux entités dangereuses. Elles vont sécréter des substances antimicrobiennes comme de l’acide lactique, de l’acide acétique, du peroxyde d'hydrogène et du pyroglutamate. Les bactéries peuvent aussi produire certains acides gras à chaîne courtes pour abaisser le pH intracellulaire, inhibant la croissance d’organismes pathogènes.

  3. En renforçant la barrière épithéliale : l’effet barrière va permettre de fortifier les jonctions serrées entre les cellules épithéliales.


Ses fonctions ne s’arrêtent pas là, puisque le microbiote intestinal va aussi intervenir lorsque l’effet barrière n’est pas suffisant. Par le biais du dialogue entre les bactéries et le système immunitaire, il va transmettre d’importantes données afin d’induire une réponse ciblée :

  • Soit cela va activer une réponse immédiate, non spécifique : ce que l’on appelle limmunité innée. Les cellules jugées dangereuses vont être englobées et prédigérées par les phagocytes afin d’être évacuées de l’organisme.
  • Soit lorsque la phagocytose est insuffisante, cela induit une réponse spécifique : l’immunité adaptative ou acquise. Cela désigne une réaction immunitaire contre un seul antigène. Cette fois ce sont les lymphocytes B et T qui interviennent afin d’éliminer l’agresseur. 

 

 

  1. Dysbiosis and the immune system, REVIEWS, © 2017 Macmillan Publishers Limited, part of Springer Nature. All rights reserved.
  2. Probiotics, gut microbiota, and their influence on host health and disease, Mol. Nutr. Food Res. 61, 1, 2017, 1600240.
  3. Probiotic Species in the Modulation of Gut Microbiota: An Overview‚ÄâHindawi, BioMed Research International
  4. Singh, R. K.et al. Influence of diet on the gut microbiome and implications for human health. J. Transl. Med.15, (2017)

 


Cela peut également vous intéresser